Les tribulations d’un auteur auto-édité, seconde partie

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La semaine dernière, je vous ai parlé de mon ressenti sur les événements qui ont découlé sur la sortie de mon dernier livre. Je vais m’attaquer maintenant sur un billet plus technique, m’axant sur les prestataires que j’ai utilisés.

Avant de me lancer dans le vif du sujet, je tiens à préciser que j’ai favorisé des prestataires qui favorisaient nativement les licences Creative Commons. J’ai choisi ces trois services bien que plusieurs fournisseurs de service m’aient annoncé qu’ils ne s’occupaient en rien de la propriété intellectuelle de l’auteur, pour se consacrer uniquement à l’impression et la distribution. Je n’ai pas non plus cherché du côté d’Amazon et son service CreateSpace, pour des raisons de libriste qui me sont propres. Mais si cela vous intéresse, vous pouvez lire l’expérience d’Alias sur son blog.

In Libro Veritas

J’ai fait imprimer mon premier livre, « Poèmes d’ado », chez In Libro Veritas. C’était une première pour moi, je n’y connaissais rien. D’autant plus qu’In Libro Veritas n’aide en rien. On dépose son fichier à l’imprimeur et il n’y a plus qu’à attendre. Certes, j’ai été très content du rendu, et ce même s’il ne correspondait pas vraiment aux standards des éditeurs. Comme je ne savais pas encore où j’allais, et que les poèmes ne se lisent pas à la pelle, je n’avais même pas fait les démarches pour obtenir un ISBN et un référencement.

ILV fonctionnait sur un modèle assez particulier : on pouvait éditer son livre chez eux, imprimer et faire un stock et activer un module de vente (que vous payez pour une période de temps donnée) sur leur site. Ils s’occupaient de la logistique. J’ai simplement gardé les livres chez moi, et je pense que le temps m’a donné raison : peu de temps après avoir reçu les livres, ILV coupe du jour au lendemain son service d’édition. Quelques mois plus tard, il fait de même pour son service d’impression (et pour ce dernier, sans aucun préavis). Il ne reste donc que le module de vente de votre livre, et vous devez réaliser toutes les démarches ailleurs (sans compter que vous vous occupez dans ce cas aussi de la logistique). Ayant été revisiter leur forum il y a quelques jours, j’ai constaté d’ailleurs que les administrateurs répondaient aux abonnés absents et laissaient tourner la baraque toute seule.

Lulu

Me retrouvant avec un stock de bouquins plutôt conséquent à la maison, sans pour autant pouvoir les vendre (il m’en reste une septantaine (pardon, soixante-dizaine)) sur les cents imprimés, j’ai décidé de me tourner vers un service d’impression à la demande. Mon choix s’est naturellement dirigé vers Lulu, qui est un des plus gros prestataires de service dans ce domaine. Lulu propose également le référencement chez Amazon, d’autres librairies en ligne et en réseau de distribution, si toutes les consignes sont bien respectées. J’ai donc mis une copie de Poèmes d’ado et y ai déposé ensuite mon second livre, « histoires bloguesques ». Une fois toutes les étapes passées (couverture, livre, prix, taille, etc.), on imprime un exemplaire de vérification. L’ordre d’impression arrive chez un imprimeur assez proche de vous géographiquement. La qualité est au rendez-vous et le travail est très soigné.

Il y a cependant deux gros hics : la première est que les frais d’envois sont une vraie pompe à fric. Ayant testé les envois via UPS, avec tracking, le prix de la livraison peut avoisiner le prix du livre (je n’ai pas regardé les prix avec la poste traditionnelle, simplement pour être sûr que mes livres arrivent bien à destination). Et cette option a, je pense, refroidi énormément : je n’ai vendu sur Lulu qu’un seul livre. En second, le référencement en librairie n’est pas optimal. Ayant fait le test pour plusieurs ouvrages avec d’anciens collègues, aucune référence ne se trouvait dans leur catalogue et les livres ne pouvaient donc être commandés.

Atramenta

J’ai choisi Atramenta pour « Salut, moi c’est Greg », qui est en quelque sorte un projet dérivé de l’ancien système d’ILV. Ici, très grande différence, tout se passe avec un être humain plutôt qu’un système informatisé. Une fois son projet envoyé, l’auteur est recontacté et le processus de publication est mis en marche : vérification du livre pour la mise en page, si l’orthographe est correcte… (ce qui ne m’a pas empêché de retrouver une coquille il y a quelques jours), quelques conseils sur la réalisation sont donnés. Ensuite, on choisit la couverture, le type de papier et on fixe les prix. Atramenta s’occupe de l’ISBN, de l’enregistrement à la BNF et du référencement dans le réseau DILICOM, permettant d’atteindre un grand nombre de librairies. Mais sur ce point, le bât blesse à nouveau : mes anciens collègues, bien que faisant partie d’une enseigne culturelle très célèbre, ne pouvaient pas le référencer ni le commander sans passer par leurs centrales (en tout cas en Belgique). J’ai également demandé dans une grande chaîne de libraires qui m’a annoncé qu’elle ne le pouvait pas non plus (mais je dois avouer que les personnes que j’ai eues en face de moi n’étaient pas très proactives vis-à-vis du client). Mais en tout cas, sur le net, le livre a une visibilité impressionnante et se retrouve sur presque toutes les plateformes.

Pour la suite, je ne sais pas encore ce que je compte faire. Simplement parce que pour sortir un livre, même en impression à la demande, cela comporte un certain coût. Que ce soit pour faire un stock, imprimer des exemplaires de vérifications, ou pour laisser des personnes faire des démarches à votre place. Pour publier un livre sur Atramenta, il faut compter 150 euros. Pour Lulu, les exemplaires de vérifications (je ne parle pas d’ILV qui selon moi n’a plus aucun intérêt). Je ne regrette aucunement d’avoir fait ces expériences, elles m’ont appris énormément, même si le retour n’est pas réellement au rendez-vous. Même si mon mot d’ordre reste de donner le choix du support au lecteur, j’hésite à renouveler une telle aventure. Peut-être en essayant autre chose, comme le crowdfunding, histoire de minimiser la casse dans mon portefeuille. Et puis, cela me permettrait encore d’apprendre et d’expérimenter d’autres moyens.  Mais j’ai encore le temps avant de finaliser mon prochain livre.

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Image de Greg « Le Greg » Siebrand, sous licence CC0

2 Comments

  1. C’est réjouissant de te compter de nouveau parmi nous.

    Je ne me sens pas encore prêt à auto-éditer l’un de mes écrits, aussi conséquent soit-il… J’ai, comme tu l’as toi-même expérimenté, la hantise d’un stock qui prend la poussière car ne trouvant pas d’acquéreur(e)s…
    Je trouve donc ton acte courageux. Ce n’est pas donner à tout le monde d’oser cette expérience!

    Quant aux remises en question que tu as pu vivre ces derniers temps, je les comprends. Je suis moi-même dans une phase similaire. L’entourage reste donc une variable importante pour qui s’essaie à la création d’un contenu à finalité commerciale (voire professionnelle).

    Courage, mon grand!

    Bises de Bretagne!

    Pil’

  2. Pingback: Flattr: Bilan pour septembre 2016 – Blog à part

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