Les petits vieux de Waterloo font la course!

Je suis pour deux semaines chez ma petite maman, qui nous a prêté sa maison (enfin, surtout pour qu’on s’occupe des chats) à quelques minutes à dos de char motorisé de chez moi. Je dois vous dire que, même si nos habitations ne sont séparées que de 5 kilomètres, la différence de mentalité est plutôt flagrante !

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Sa maison dispose d’un jardin, ce que je n’ai pas puisque je vis dans un appartement, et donc on aurait pensé que ma petite tête blonde s’en donnerait à coeur joie ! Mais c’est sans compter une caractéristique habituelle de la Belgique, à savoir que la pluie s’invite tout le temps. On se retrouve donc coincé la plupart du temps à l’intérieur. Et comme mon petit bambin, comme toute canaille de son âge, ne trouve rien de mieux à faire que de tester tout ce qu’il trouve dans son environnement ! Le temps que je nettoie les croquettes qu’il a été chercher dans la gamelle du chat, je le retrouve les deux mains plongeant bien joyeusement dans la litière ! Alors, pour l’occuper un peu, et bien on va promener, et faire des courses presque tous les jours.

Et c’est là que je me rends compte de la différence de mentalité. Le centre de ma commune, Braine est assez populaire, mais ma charmante maman vit à Waterloo (vous savez, les copains français, là où votre adoré Napoléon s’est pris une grosse tannée, enfin c’est ce qu’on vous fait croire, car le site de la bataille se trouve en réalité à Braine l’Alleud ! Mais pour éviter de fâcher mon cher bourgmestre, je ne raconterai pas cela en détail, ce billet s’en occupant assez bien). La population de cette bourgade est totalement différente : c’est énormément de personnes vivant avec des moyens qui feraient pâlir le belge moyen, et ça se voit dans les villas, voiture et consort.

J’aime beaucoup observer les gens, voir comment ils se comportent. Je dois dire que j’ai été effaré du comportement des gens à Waterloo, dans les magasins. Autant à Braine, où j’habite, même en faisant une file à une caisse dans un magasin, s’il y a une petite vieille, elle fera toujours des sourires et jouera avec mon petit gamin qui le lui rendra bien. Les commerçants sont beaucoup plus sympathiques et entament la conversation. Mais alors, à Waterloo, bonjour !

Mon premier constat, sur trois jours d’affilée où j’ai été faire quelques emplettes, 90 % des personnes qui font leurs courses le matin sont des personnes âgées. Et contrairement à Braine, leur environnement, le monde qui les entoure, elles n’en ont rien à faire. Impossible de passer dans les rayons, car il faut que madame poste son chariot entre deux autres pour aller tâter un gigot qui semble tout sauf frais. Rien à faire que je pousse un enfant dans la poussette d’une main avec un panier pour mes provisions dans l’autre, on te coupe la route, on te bouscule, le tout bien sûr sans formuler la moindre excuse. J’ai du mal à me déplacer les bras bien encombrés et occupés, et c’est limite si on ne me reproche pas du regard que je sois là à faire mes courses, que je les dérange dans leurs petites habitudes, là où ils semblent être les maîtres de leur univers.

Mais ce qui m’a le plus marqué je dois dire, fut le troisième jour. Il n’y avait que deux caisses ouvertes dans ce magasin-là, et les files commençaient à se faire un peu longues. Une dame d’une 60aine d’année, toute clinquante avec moult parures dorées sur les oreilles, le cou, et tout le toutim, essayait de me piquer la place dans la file, en me regardant avec un regard plus qu’ hautain (en effet, le greg en short, avec son t-shirt orange bien flash déclamant vive le logiciel libre, ça dénote un peu dans la populace locale). C’est alors qu’une scène étonnante arriva. Le fabuleux gong sonore retentit,  avec l’annonce micro qui annonçait l’ouverture de la caisse 4. Croyez-moi ou non, tous ces petits vieux complètement avachis sur leurs caddies, ont semblé reprendre subitement vie. Avec une célérité incroyable, ils se ruèrent tous sur cette nouvelle caisse ouverte, afin de passer les premiers ! Je pense que cela devait bientôt être l’heure de Derrick, parce que sincèrement, je ne vois pas en quoi des personnes qui n’ont plus d’obligations doivent être aussi pressées pour faire leurs commissions. Et bien sûr, cette dame toute clinquante à mes côtés se retrouva première à cette caisse nouvellement ouverte.

C’est quand même curieux. Ça  me rappelle une étude que j’avais lue il y a quelques temps : plus  on a d’argent, plus notre empathie disparaît, moins notre entourage semble exister. Mais je dois dire que je me souviendrai encore longtemps de cette course de petits vieux pour être le premier à atteindre la caisse !

PS : désolé si je semble me moquer des personnes âgées dans ce petit billet. Ce n’est pas mon intention, mais je dois bien avouer que premièrement l’égoïsme et l’absence de reconnaissance de son environnement me révulsent. Et deuxièmement, cette course, je le réaffirme, j’ai trouvé cela hilarant!

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Image de I-5 Design & Manufacture sous licence CC BY-NC-ND

Un Commentaire

  1. Geneviève Haumont

    Hello Greg! Génial cet article! Geneviève

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