Marée noire, coup dur pour la démocratie. Ces titres de presse nous inondent aujourd’hui. Que la démocratie est en danger, qu’elle est en train de mourir. En réalité, notre système ne la jamais été. La démocratie représentative est une dictature déguisée. Ce n’est que le voile qui est en train de se déchirer, pour faire place à une dictature ouverte.
La démocratie implique qu’un citoyen est acteur de la vie politique. Or, en laissant la place à un représentant, on lui laisse carte blanche. En cas de faute, la sanction se place dans l’isoloir, mais le mal est fait. Même un nouvel élu ne détruira pas ce qui a été construit durant la précédente législature. Au contraire, nouvellement élu, son objectif sera simplement d’être reconduit. Je vais prendre une phrase d’un dictateur fictif mais très célèbre : « quiconque acquiert une once de pouvoir craint un jour de le perdre ».
Lorsqu’on analyse notre système brièvement (je rappelle que je ne suis ni juriste, ni politologue ou quoi que ce soit, ce sont mes analyses et ressentis en regardant le monde), on remarque que « l’élu » vit sur une autre planète. Le système est entièrement corrompu par le pouvoir, et ne fonctionne plus (même si je pense qu’en réalité, il n’a jamais fonctionné). Depuis plusieurs années, le mécontentement gronde. Chaque situation problématique est gérée de façon calamiteuse par ces personnes qui ne vivent aucun problème du quotidien. Et lorsque l’on essaie de faire entendre sa voix, dans la rue ou ailleurs, la matraque vient nous réduire au silence. Au plus on réclame de justice sociale, une meilleure gestion, au plus les réponses du système ne sont que la restriction des libertés de parole et de manifester.
Alors on se tourne vers les extrêmes. Pour montrer notre désaccord. On passe de Charybde en Scylla, nous tournant vers ce que l’on connaît, ce que la presse décide de nous montrer, en espérant que les choses puissent changer. Nous nous mettons à voter pour ces personnes qui exploitent les peurs, les craintes primaires. Lorsque le monde atteint sa désillusion, il est encore plus réceptif à tous les discours des extrêmes. Mais elles-mêmes placées dans ce système, rien ne change. Les réponses se durcissent encore plus avec de telles personnes au pouvoir.
Comme à chaque gestion calamiteuse, la classe politique blâmera son adversaire. Jamais elle ne se repentira ou avouera qu’elle a commis une erreur. Elle appellera à un barrage de l’extrême, de faire front plutôt que de réparer et reconstruire une société meilleure. L’adversaire extrémiste jouera de ce barrage en se posant en victime. Et comme les autres, il blâmera plutôt que de proposer quelque chose de concret. Néanmoins, la classe politique n’est pas la seule fautive. Nous le sommes tout autant. Nous rejetons nous-même la faute sur cette classe politique, mais nous cautionnons le système en y apportant nos votes (Attention, je ne dis pas qu’il ne faut pas retourner dans l’isoloir, simplement que nous ignorons, par exemple, les mouvements qui hackent la politique pour tenter de changer le système. Cela reste un mal pour un mieux, en attendant de nous prendre en main). Nous laissons toujours quelqu’un décider à notre place, trop occupés à rester dans nos pantoufles après une dure journée de labeur. Notre paresse, nos peurs, nos désirs ouvrent la voie à n’importe quel politicien avide de pouvoir qui les exploite habilement.
Je ne suis pas défaitiste cependant. Je voulais juste vous écrire pour vous exhorter à vous prendre en main. Des solutions existent. Des nouveaux systèmes sont pensés, que ce soient des solutions comme le tirage au sort, proposé par Etienne Chouard, où des systèmes de démocratie directe ou de démocratie liquide. Certains sont tentés au niveau local et obtiennent des résultats encourageants. Mais aucun système n’est parfait. Il nous faut apprendre, réfléchir, construire. Je sais cependant que le changement et l’inconnu font peur. Que cette peur nous pousse vers un conservatisme, car nous aussi, nous voulons garder à tout prix nos acquis. Mais il n’est pas trop tard. Arrêtons de commettre encore et encore les erreurs du passé. N’attendons pas que le monde s’écroule pour le changer. Nous n’avons par contre pas le choix, il faudra le faire nous-même.
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Image de Steven Mileham sous licence CC BY-NC
Mouais, certes nous ne sommes pas dans la démocratie de Chouard, de là à dire que nous sommes en dictature, il faudrait peut-être nuancer. Le mode de scrutin joue aussi son rôle dans les alternances gauche / droite qui barbent tout le monde, et non, les représentants, notamment locaux, ne sont pas tous dans des hautes sphères (comme voudrait d’ailleurs nous faire croire le FN). Qui plus est, le vote FN et extrêmes (si tant est qu’il y ait DES extrêmes, tu m’expliqueras qui ils sont et ce qu’ils ont en commun au passage) n’est pas qu’un vote de peur. Le dernier monde diplo explique assez bien ce qu’il en est, ça évite de prendre des raccourcis (toujours bien de se renseigner, cartes à l’appui, Todd a également écrit sur le sujet). Bref, je ne dépeins pas un paysage politique tout rose, loin de là, mais il faut avoir le sens des nuances. Le peuple fait ce qu’il peut au moment où il le peut, et en ce moment le peuple peut ça : 50% d’abstention et pas mal de FN. En attendant les richesses ne sont toujours pas partagées, les industries agro-alimentaires toujours aussi polluantes, le dogme de la croissance toujours d’actualité. Ce ne sont pourtant pas les intellectuels, associations qui manquent pour dénoncer les dérives d’un système qui porte pourtant le sceau de nos choix : consommation sans fin, cupidité, frustration. Des valeurs bien sympatoches et tout à fait relayées dans beaucoup (mais pas tous) de médias de masse. Et même eux, ne sont pas les seuls responsables (non, les gens ne sont pas tous des légumes). En tout état de cause, le retour à des formes démocratiques locales, s’il a du sens, ne se fait pas sans l’Etat, et ne sert à rien s’il n’attire personne (on retrouve toujours dans les instances de démocratie participative les mêmes profils, politisés, syndiqués, etc.), il n’y a pas de solution miracle. J’ai en tout cas une certitude : un projet marchand (UE, TAFTA et consorts) n’est pas un projet politique, il ne faut même pas s’étonner qu’il détruise tout projet politique d’ailleurs. Rendez-nous la société !
Dès le moment où le citoyen ne peut prendre part au processus, il s’agit d’une dictature, même si elle est déguisée. Et il suffit de voir, en Belgique comme en France, la censure, la répression qui se met en place, premier symptôme d’une dictature. Je prends le cas des extrêmes ici, mais globalement, en ce moment, tous les partis appliquent le même genre de programme. Je n’ai pas dit que le vote FN est uniquement symptomatique de peur, mais aussi de mécontentement du système. Ce type d’agissement n’est rien d’autre que colmater les brèches alors que ce sont les fondations du système qui sont à revoir.
Je te rejoins lorsque que tu parles des dérives du système. là où je ne suis pas d’accord, c’est que nous avons le choix de changer les choses. Tous les outils sont là, et de manière diverses. Des exemples parmi tant d’autres: les repair café, les AMAP, les potagers collectifs, les grafiterias, les fablabs… Il y en a pour tous les goûts, jusque dans le système financier. Si tu cherches sur le net tu verras les exemples de démocratie directes qui fonctionnent très bien au niveau local (et qui incluent tout le monde, pas ceux uniquement que tu cites), et dans un niveau plus global tu as des outils informatiques qui permettent de le faire (liquid feedback, getop,…) . Le changement commence par la consommation, (tu as raison de venir dire que les accords négociés ne sont pas politiques, tout comme la majorité des lois.Elles servent un intérêt économique en premier). En recherchant dans le blog, tu verras que ce sont des points que j’ai déjà souligné 😉
cet article ne sert qu’à battre le fer, à faire un petit rappel. Par contre, l’attaque ad-hominem en me disant que je ne me renseigne pas, là je n’accepte pas. Je lis, je me renseigne, je me documente. Et je ne reste pas dans mon fauteuil à critiquer, j’agis et mets en application la majeure partie de ce que j’écris.
Sur le vocable dictature, je ne peux pas être d’accord, même si nous ne sommes pas au degré optimal de démocratie, je ne dirais pas que le France est une dictature (mais après tout du dis « premiers symptômes », je chipote un peu). Je ne dis pas non plus que la liberté de presse est au top, ni qu’on a tous les mêmes chances, bien sûr. Preuve en est que les initiatives que tu cites ont le mérite d’exister (mais en même temps le capitalisme, en bon prince, se satisfait très bien d’initiatives locales tant qu’elles le restent, après c’est une autre histoire).
Totalement d’accord sur les outils, les fablab, etc, je pense en visiter un bientôt et faire un sujet là-dessus d’ailleurs. Le reproche qui me vient, c’est cette pointe de désespoir qui coule partout et qui incite les gens bien intentionnés à ne pas participer aux élections alors même qu’ils participent localement, l’un n’empêche pas l’autre ! Les élections régionales ne sont pas les élections nationales, et oui, je pense que le fait de voter peut faire une vraie différence, seulement, on ne vote jamais pour les bons (et là, je me crame totalement, d’où ma question sur LES extrêmes).
On est d’accord, le changement commence par la consommation, les médias, la crise de l’attention. Il faut réinjecter de l’intelligence partout, pas de la frustration en barres.
Désolé pour l’ad hominem, mais je n’ai pas installé d’ad-block hominem, donc des fois ça sort. Je retire évidemment ça de mon post précédent (enfin métaphoriquement, puisque ça va rester), mais disons que j’ai pas été super diplomate. Bref, battons le fer, tant qu’il est faux. 😉