Si vous êtes doué en informatique, vous avez certainement déjà du penser ou tout simplement dire cette phrase: « Je ne suis pas magicien! ». Votre entourage, vos amis, vos connaissances, dès que le moindre petit problème survient à leur machine, commencent à paniquer, saisissent leur téléphone et vous appelle d’une voix totalement apeurée, pensant que vous êtes Dieu et que, par magie, vous allez régler tous leurs problèmes d’un claquement de doigt.
Seulement voilà, je ne suis pas magicien. Bien que je sois quelqu’un qui aime aider son entourage, il se fait que je ne suis pas non plus une bible de l’informatique. C’est même impossible, le domaine de l’informatique est tellement vaste qu’il faudrait que notre cerveau possède l’équivalent d’un disque dur de plusieurs milliers de téra-bytes. Et le pire dans tout cela, même en expliquant que je ne connais pas le programme pour lequel ils ont besoin d’aide; et que je ne suis pas infographiste, architecte ou que sais-je, je me fais vilipender par la personne qui vient enquérir mon aide avec des phrases types du style: « tu ne veux pas m’aider » (et celle-là, c’est quand mon interlocuteur est encore poli).
Un beau matin, je suis réveillé par un coup de téléphone. C’est mon ami Marcel (pour respecter son anonymat). A moitié réveillé, je décroche. J’entends une voix totalement paniquée au bout du fil: « Greg! je dois rendre mon travail demain! Mais je ne sais pas comment on fait le truc much machin sur Autocad! Aide moi! » Je n’ai rien compris à ce qu’il veut. Le seul mot que j’ai compris c’est Autocad, un programme que je n’ai jamais utilisé de ma vie. Je lui demande de répéter, je ne comprends toujours pas et je redemande des explications. La voix de mon interlocuteur est de plus en plus excédée au bout du fil, comme si cela semblait évident. (bon, je sais, que certaines personnes peuvent me retourner la pareille quand je parle d’informatique sans la vulgariser). Mais voilà, je ne connais pas les termes techniques des étudiants d’architecture. Lui annonçant que je ne connais pas le programme, ni ce qu’il veut faire, je lui suggère d’utiliser un moteur de recherche. La voix se fait encore plus furieuse, me traite de toutes sortes de noms d’oiseaux sous le coup de la panique et colère et me raccroche au nez.
Des exemples comme cela, j’en ai des tonnes. De ces petites anecdotes, certaines m’ont même marqué à tel point que je m’en souviens comme si c’était hier. Mais le pire, je crois, c’est la famille: ayant à disposition rapide un informaticien volontaire et bénévole, elle en oublie d’apprendre et de retenir. Attention, je ne tiens pas à cracher un quelconque venin sur ma famille, je l’adore, mais parfois on constate réellement que le fait de se reposer entièrement comme cela sur l’ainé peut amener des situations relativement loufoques. Je dois dire que ma maman, est une petite spécialiste du genre. A une époque, lorsque je n’habitais plus chez elle, et pour qu’elle puisse se dépatouiller toute seule en cas de soucis, je lui avait offert le livre « le pc pour les nuls ». Elle n’a jamais ouvert le livre, se reposant sur son petit garçon, car elle sait très bien que même si je m’énerve suite à ses problèmes ou questions, j’irai de toute façon jeter un œil. Et en voici la preuve avec deux exemples:
Lors de mon jour de roulement, à mon ancien travail, je reçois un coup de fil de ma chère maman. Elle m’explique qu’elle a essayé d’imprimer des documents tout le week-end, mais qu’elle n’y est pas parvenue. Elle me demande d’aller jeter un coup d’oeil et de voir si je peux résoudre le problème. Donc dare-dare je me mets en route, traverse la moité de Bruxelles, pour me rendre au domicile de la maternelle. Et là, je pense que si quelqu’un aurait croisé mon regard, tel le Gandalf sur l’image, aurait sorti un beau fusil à pompe et balancé quelques balles: la prise électrique était simplement décrochée. Mais bon, ma maman est une gentille personne, et comme j’explique mon mécontentement au téléphone, elle m’explique qu’un bon gros morceau de tarte au riz m’attend dans le frigo pour se faire pardonner.
Mais je crois que le plus dur a été de lui apprendre le copier-coller: Je lui explique une première fois, je lui fais faire un ou deux exercices afin qu’elle maitrise le concept, et ça semble être rentré. Quelques semaines plus tard, au cours d’une conversation, je me rends compte qu’elle a totalement oublié. C’est là qu’est née ma célèbre phrase à son encontre: « Tu sais, si tu avais lu le bouquin que je t’ai offert, tu ne devrais pas me poser cette question! » Je lui réexplique le concept, refait quelques exercices,… A la troisième fois, ma maman a compris. Étant fort énervé parce qu’elle n’avait pas retenu cette mécanique de base, je lui ai montré comment on copiait les fichiers lorsque souris et interface graphique n’existait pas: j’ai lancé une invit de commandes sous Windows, et lui ai montré comment copier un fichier à l’ancienne, lorsqu’il n’y avait que le DOS sur nos machines. Depuis, ma maman sait faire des copiers-collers.
Et si on parlait un peu d’Office, et pour préciser un peu plus: Excell. Déjà, lorsqu’on me pose une question sur ce programme, je n’ai déjà envie de ne répondre qu’une chose: « Exquoi? » J’ai beau expliquer à tout le monde que je n’ai plus touché un MS Office depuis 2002 ou 2003, on vient toujours me demander de l’aide sur ce fichu programme. J’ai beau dire que non, je ne connais pas ce programme, cela semble inconcevable pour la majorité des gens de mon entourage que je n’y touche pas. Et le pire, c’est que systématiquement je conseille l’installation d’Open Office ou Libre Office. Mais non, à chaque fois, le conseil n’est pas écouté, les gens râlent à chaque fois car le document est illisible parce que leur version est trop vieille et qu’ils doivent racheter ce satané logiciel. J’ai beau expliquer qu’avec Open Office ce problème serait de l’histoire ancienne, ce conseil semble toujours rencontrer un Mur en béton armé faisant 15 mètres d’épaisseur. Mais systématiquement, après avoir argumenté en faveur des suites bureautiques libres, on ose encore me reprocher un quelconque refus d’aide.
Je pourrais encore continuer comme cela longtemps. Du pensionné ayant installé Linux, mais qui refuse de lire les manuels qu’il a reçu parce qu’il n’a pas que ça à faire. Des demandes de prise à distance de l’ordinateur à 22h parce que le jeu du moment ne démarre pas sur la machine. Ou même des collègues techniciens qui préfèrent te demander de l’aide sur un réseau social, commencent à s’énerver car tu ne réponds pas dans l’heure alors qu’une recherche google aurait réglé le problème en cinq minutes. Mais bon, si vous voulez lire toutes ces petites anecdotes ce sera pour un autre jour…
En tout cas, chers amis, chers lecteurs, lorsque vous ne savez pas comment utiliser un programme, lisez ou faites une recherche sur internet. Car sinon, vous risqueriez bien de réveiller le Gandalf à la kalach qui sommeille en votre ami informaticien.
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Image de make little sharks sous licence CC BY-NC-ND
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trop vrai ! même sans être calé en info, du momoent qu’on s’y connait mieux que d’autres, on devient une solution plus facile qu’une recherche google ! les gens autour de moi me répondent « mais c’est trop compliqué pour moi, j’ai pas ta atience pour faire ces recherches et lire des forums, et j’y comprends rien de toute façon. en plus c’est pas mon truc alors que toi oui ! »
les problèmes autour de moi viennent toujours d’ads installés « à l’insu de leur plein gré », mais comme ils laissent tout le monde faire ce qu’ils veulent sur leur ordi, ces autres leur enlèvent adwcleaner, installent des logiciels « version standard » (celle qui installe les ads), et on m’appelle au secours pour faire le ménage.
heureusement que j’en connais pas autant que toi 🙂
(d’ailleurs j’ai la wifi qui se barre en ce moment, t’aurais pa tuyau ? non je rigole, je cherche chez google, comme d’hab…)
morgan’
Moi je n’aide plus. Point.
Ou presque, quand je sais que soit je vais apprendre un truc soit que je vais le faire sans me prendre la tête…
Oh comme je te comprends tout à fait Greg !!
La famille est la pire au niveau des demandes de dépannage en tout genre. Moi quand je vais chez eux, je deviens le service après-vente Darty, je dois leur réparer le four, la machine à café, le magnétoscope (oui oui ils en ont encore un !)… etc.
Mais au delà de ça, c’est ce qu’on obtient en retour qui est dérisoire. Bien souvent un simple merci, une tape dans le dos et puis voilà. On a beau avoir passé un après-midi ou un week-end sur le problème, pour eux c’est normal.
Ensuite, peu importe ce qu’on a fait sur le PC (nettoyage, suppression de virus et autres malwares, etc…), dès qu’un nouveau problème fera surface, on sera à nouveau contacté car « c’est de notre faute » ou comme c’est nous qui nous en sommes occupés, c’est à nous maintenant de tout le temps le réparer… Voilà pourquoi je réduis fortement les dépannages en tout genre, je m’arrange maintenant pour dire que je ne connais pas et passer mon chemin.
Bon courage 😉
Merci pour vos commentaires! N’empêche Cyril, ton commentaire, surtout à la lecture de « c’est notre faute » me rappelle encore une anecdote rocambolesque lorsque je bossais à la clinique micro du SAV de la Fnac.
Un client nous avait déjà posé problème par le passé, avec son ordinateur. Il a ramené une énième fois, complètement cabossé, mais on l’a pris en charge. Il fallait le réinstaller, faire un backup des données, et remettre tous ces softs. Le travail accompli, il revient le lendemain. Le Windows ne bootait pas: il manquait des DLL pour le démarrage de la machine. Je lui dis qu’il a du faire une bêtise car le fichier manquait. A sa réponse, j’ai du m’empêcher d’exploser de rire:
« Vous avez volé ce fichier! Je vais porter plainte contre vous » Je lui ai juste rétorqué qu’il pouvait aller sur ebay car je l’avais mis en vente aux enchères sur place, tellement je trouvais cela abracadabran. J’ai ensuite refusé de continuer à m’occuper de lui. Quelque mois plus tard, il est revenu, demandant à mon responsable de l’époque si je voudrais bien encore m’occuper de son matos. Mon chef à l’époque, bien sympa, lui a simplement demandé s’il comptait s’excuser de son comportement précédent. Il a dit qu’il préférait mourir que de le faire… Il est sorti du magasin avec son matos sous le bras, non réparé.
Oui, être technicien informatique est vraiment une tâche ingrate par moment.