Et si nous parlions de ce 21 juillet?

Attention, le texte qui va suivre n’est qu’une interprétation personnelle et ne doit en aucun cas être mis en corrélation avec une quelconque appartenance à un mouvement politique, révolutionnaire ou de tout autre mot que vous allez désirer le qualifier.

L’actualité du jour vient de nous montrer que nous, citoyens belges, ne vivons pas dans une monarchie constitutionnelle démocratique, mais bien dans une particratie avec un souverain fantoche. J’ ai pris ma matinée afin de regarder l’abdication d’Albert et l’investiture de Philippe, et je dois dire que beaucoup de choses m’ont frappé. Mais pas qu’aujourd’hui: en effet, le battage médiatique sur une éventuelle abdication de notre souverain, m’avait déjà mis la puce à l’oreille. Avant d’aller plus loin, je tiens à préciser que je ne suis ni royaliste, ni républicain. Ce sont des concepts qui, pour moi, sont désuets et ne sont plus en phase avec notre société actuelle (mais ces propos devront faire l’objet d’un article ultérieur).

Tout commença donc il y a quelques mois, où des rumeurs d’abdication ont commencé à circuler via la presse. On parle également beaucoup de la réforme de l’état et que beaucoup de choses vont changer en Belgique. Vous savez, la majorité des gens n’aiment pas les changements radicaux. On va donc doucement mettre en place une campagne de communication, comme quoi le roi abdiquerait. Au fur et à mesure du temps, ces rumeurs deviennent de plus en plus incessantes, histoire d’habituer le citoyen à cette idée, jusqu’au jour où on estime qu’il est bien mûr: le 3 juillet, Albert II proclame qu’il abdiquera donc le 21 juillet au profit de son fils Philippe.

Entre-temps, le gouvernement travaille d’arrache-pied à la nouvelle réforme de l’Etat, qui en réalité morcelle encore plus notre pays, et donne de plus en plus de pouvoir à beaucoup plus d’élus. Car c’est cela nos réformes de l’état successives: nous ne donnons pas plus de libertés/autonomie aux citoyens; techniquement, hormis un afflux massif de taxes qu’il soit d’un côté du pays ou de l’autre, cela ne change rien pour lui. Par contre, nous avons nettement plus de ministres, députés, secrétaires d’Etat,… à payer, mais aussi qui légifèrent dans leur intérêt plutôt que dans celui du citoyen (un exemple parmi tant d’autres, la fameuse loi électorale wallonne qui donne plus de sièges à la première liste, et qui fait de facto une absence de représentativité des choix de la population. A ce propos, vous pouvez lire l’excellent article de Nico sur le sujet: « La loi du plus gros« ). D’ailleurs, c’est bien aujourd’hui qu’ont été déposés les textes de la réforme de l’état au parlement, et ceci bien sûr occulté par moult articles sur les robes de la famille royale et autres joyeusetés du même acabit.

Mais revenons en à cette ‘fabuleuse journée’. Avant d’analyser les mimiques de nos chers représentants et souverains, je voudrais m’attarder sur les discours royaux (les deux: celui d‘Albert et ensuite celui de Philippe). A savoir bien sûr, que le roi n’a pas réellement de liberté de parole dans notre pays, toutes ses déclarations publiques doivent faire l’accord du premier ministre de notre royaume. On peut donc facilement en conclure que ce ne sont pas des discours royaux, mais bien des messages de notre copain Elio. Et que retrouve-t-on dans ces discours? Et bien un encensement du gouvernement et du travail qu’il a accompli:

Albert:

Je voudrais aussi dire ma gratitude à différents groupes de responsables de notre société. Durant mon règne j’ai apprécié la compétence, le dévouement et le sens du compromis constructif, de très nombreux hommes et femmes politiques. … J’ai rencontré des responsables politiques qui ont fait preuve d’un remarquable sens de l’intérêt général dans des circonstances difficiles. J’en veux pour preuves toutes récentes les accords budgétaires pour 2013 et 2014,… Avec ces accords récents, et ceux réalisés précédemment sur la réforme de l’Etat et sur le plan économique et social, la Belgique a trouvé un souffle nouveau tant sur le plan intérieur qu’européen. Ceci nous permet d’envisager l’avenir avec confiance.

Philippe:

La nouvelle réforme de l’Etat réalise un transfert de compétences important aux entités fédérées.  Cela rapprochera les citoyens de la prise de décisions. Cela permettra de mieux rencontrer les défis de l’avenir.  La force de la Belgique réside également dans ses entités fédérées. J’entends entretenir des contacts constructifs avec leurs responsables.  Je suis convaincu que la coopération entre l’Etat fédéral, les Communautés et les Régions s’opérera au plus grand bénéfice de nos citoyens et de nos entreprises. … Par leur engagement dans la société et dans la politique ils ont assuré à notre pays un niveau élevé de prospérité et de solidarité. Ils ont offert à la fois un cadre solide pour entreprendre et une sécurité sociale efficace.

Je ne peux être qu’en désaccord avec ce genre  de propos. Depuis le début de la crise, l’argent public est gaspillé ou part aux banques, au mépris des besoins élémentaires de la population (baisse drastique des allocations de chômage, augmentation des taxes et des accises, mise sous surveillance constante des citoyens, et j’en passe). De plus, qui dit transfert de compétences dit coûts: ça va d’acquisitions de bureaux supplémentaires à des choses nettement plus futiles comme un logo qui ne ressemble à rien et qui nous a coûté bonbon. Cet argent inutilement dépensé n’aurait-il pas été plus profitable aux citoyens s’il avait été utilisé à bon escient? Je ne sais pas moi, par exemple pour la recherche, ou la création d’emploi… Il y a tellement à faire pour améliorer la qualité de vie de tout un chacun! Pour moi ces discours ne sont qu’un début de campagne électorale, qui vise à démontrer que le travail de notre gouvernement a été « exemplaire ». C’est du pur narcissisme gouvernemental pour tenter de s’assurer des voix l’année prochaine.

On va parler également des mimiques. Dans la presse, nos élus se tirent dessus à boulet rouge, selon telle ou telle couleur de parti, limite s’ils ne se traînent pas dans la boue les uns les autres. Hors ici, on a bien remarqué les tapes amicales, les embrassades et les bons coups de rigolade. Oui les amis, nous vivons bien dans une particratie, où nos élus montrent de gros désaccords sur la scène publique mais qu’en réalité ça blague bien entre eux (peut être même riaient-ils du futur prochain mauvais coup qu’ils préparent envers leurs concitoyens). Quant à notre nouveau roi, sincèrement, j’ai eu de la peine pour lui. Quoiqu’en dise notre chaîne de télévision publique (outil de propagande gouvernemental, je le rappelle), j’ai clairement eu l’impression que Philippe n’avait pas spécialement l’air d’être heureux. Tous les sourires que j’ai pu apercevoir étaient forcé, et la plupart du temps, ses traits étaient crispés. Le seul qui semblait un peu plus détendu était Albert, visiblement soulagé de ne plus être le pantin des hommes politiques de ce pays (je vais juste passer sur les petites larmes à l’oeil des dames de la cour).

Pour conclure, je ne dirais qu’une chose: Votre Majesté, je vous souhaite bien du courage pour obéir au doigt et à l’oeil des particrates belges qui nous gouvernent. En tout cas, selon moi, toute cette histoire n’est que de la pure mise en scène envers le citoyen belge.

PS: Loin de moi l’idée de jouer le conspirationniste, je trouve néanmoins troublant que lors la réforme de l’Etat qui a fait de notre Belgique un Etat fédéral, nous avons également connu un changement de règne, avec le décès de Baudouin, qui me semble-t-il, était profondément attaché à l’unité de la Belgique. Est-ce donc une coïncidence, si vingt ans après, lors d’un énième morcellement de notre pays, le roi abdique? La fête de ce jour ne serait-elle que la vaseline accordée aux belges pour mieux faire accepter cette réforme?

Je dois dire également que peu après avoir posté cet article, je suis tombé sur un article qui bien qu’ il mette à mal mon interprétation du jour, n’en est pas moins inquiétant: Philippe serait un aficionados des réunions de Bilderberg. Et puis, autre question: Pourquoi prêter serment sous l’œil de Barroso? Pourquoi passer l’hymne européen alors que c’est une fête nationale? Comme quoi, tout peut être sujet à  interprétation et sans une ouverture et une transparence complète le citoyen ne saura jamais le fin mot de l’histoire. Et il est grand temps que ça change.

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