Afin de promouvoir mes petits écrits, je me suis mis en quête, sur les réseaux sociaux, des groupes d’écrivains, de lecteurs, et d’autres pages du genre. En fait, sur Facebook, il y a pas mal de groupes pour promouvoir ses écrits, spécialement pour les auteurs qui s’auto-éditent. Je me suis inscrit dans plusieurs d’entre eux, pour partager ma page de publication, et peut-être découvrir de nouvelles choses.
Je trouvais l’idée très intéressante, d’avoir de tels groupes, mais j’ai très vite déchanté. Je pensais que je pourrais échanger des mots, des idées, avoir des retours sur ce que j’écris, et faire découvrir le concept du Prix Libre. J’ai d’abord été très étonné du nombre de personnes qui s’auto-éditent et déposent leurs écrits sur Amazon et consort. Cela m’a d’ailleurs été confirmé par plusieurs billets que j’ai lus ces derniers jours, l’abondance de personnes qui se lancent dans l’écriture en s’affranchissant d’un circuit traditionnel. D’un côté ce n’est pas plus mal, mais je dois dire, après deux semaines de pratique et d’exploration dans ces groupes, je n’ai pas spécialement gagné grand-chose, hormis un gros gaspillage d’énergie.
Premièrement, je n’ai pas spécialement gagné de lecteurs (peut-être un ou deux, mais sur les milliers de personnes, si on prend la totalité des membres de ces groupes, c’est réellement insignifiant). Je n’ai réellement échangé des mots qu’avec une des administratrices d’un des groupes, le reste fut comme un peu parler dans le vide, et je pense que cela est dû à ce que je vais expliquer par la suite.
Il n’y a pas d’auteurs « libres » dans ces groupes, tous les gens qui sont présents et font leur promo sont là pour vendre, et rien d’autre. Les autres, c’est un peu comme s’ils n’existaient pas, comme s’ils s’adressaient uniquement à des lecteurs et pas à d’autres « collègues ». C’est désolant, navrant. Finalement, je n’ai rien découvert du tout. Quelques personnes postent néanmoins des petits textes, des poèmes directement sur le groupe ou via une publication avec image. Mais systématiquement, en fin de texte ou poème, on va retrouver le fameux « tous droits réservés ». Peut-être pour se protéger d’un grand vilain qui voudrait piquer le texte et se l’approprier, mais comme je l’ai expliqué, mettre une œuvre sur Facebook et hurler au vol de propriété intellectuelle est un pur non-sens, rien qu’avec la licence accordée à cette compagnie qui peut faire ce qu’elle veut de toute œuvre déposée sur son réseau.
Et revenons donc à ces fanas de la vente. Certains sont adeptes du spam à outrance, postant trois à quatre fois par jour leur nouvel epub, qui est déjà visible deux publications plus bas. C’est tellement invasif, que tout petit auteur voulant faire découvrir ses écrits se retrouve noyé, n’étant vu par personne, à cause de cette pollution visuelle. Non seulement spammer à outrance ne sert à rien, avoir tous les deux ou trois posts la même chose ne donne même pas envie de continuer de lire la suite des posts, mais en plus c’est pour moi un total manque de respect envers les autres membres en s’appropriant un max d’espace. Et le pire bien sûr, c’est qu’on retrouve ces mêmes personnes, qui répètent cette pratique dans plusieurs groupes, à provoquer l’écœurement, et me donnent même pas envie de lire leur bouquin.
Même pour des petits écrivains, des petits auteurs amateurs, on se retrouve encore entouré de requins, près à tout dévorer sur leur passage. C’est vraiment dommage et je pense symptomatique de notre société, où pour pouvoir faire sa place, il faut écraser l’autre ou crever. Je dois vraiment être un extra-terrestre, ce n’est pas possible autrement. Je ne vois pas d’autres auteurs comme des concurrents, mais comme des personnes chez qui je peux apprendre, par leurs expériences et avec qui je peux échanger et découvrir de nouvelles idées. Mais en aucun cas je ne peux m’imaginer être aussi invasif, aussi peu respectueux des autres comme j’ai pu voir.
En tout cas, moi ça m’a bien dégoûté, et je commence doucement à me désinscrire de ces groupes. Je pense sincèrement que le bouche-à-oreille, y a pas mieux. Si quelque écrit sorti des méandres de mon esprit plaît à quelqu’un, il le partagera et le fera découvrir à ses amis. Cela prend plus de temps, certes, mais je pense que c’est-ce qu’il y a de mieux après toutes ces expériences.
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Image de Gilles Chiroleu sous licence CC BY-NC
À mon avis, le problème dans ces groupes, c’est que la perception asymétrique écrivain – lecteur ne se marie pas bien avec la logique de pairs du web et des forums: si tout le monde veut être lu, et personne ne veut lire l’autre, ça ne marche pas…
Je suis d’accord. Mais dans ses groupes (ceux que j’ai vu pour la plupart), ce sont des écrivains qui font de la promo à d’autres écrivains. Aucun soutien de la part de l’un et de l’autre. J’ai découvert plus de choses durant le Ray’s Day, chacun partageant les écrits des autres, et ça j’ai trouvé géniallisime.
Bonjour Greg,
Je suis enchanté d’avoir découvert votre blog lors de ma première visite à Diaspora, bien que nous aurions pu nous rencontrer dans un de ces groupes Facebook que vous décriez.
En effet, je fais partie de plusieurs d’entre eux, liés à l’écriture et l’auto-édition. Autant vous dire que je ne partage pas totalement votre avis. Je pense que vous auriez du persévérer. Certes, nombre d’auteurs sont si angoissés par leurs chiffres d’affaire, qu’il faut faire un sérieux tri. Mais c’est comme ça que fonctionne Facebook. J’ai passé des jours à désactiver les pubs pour des jeux inutiles, à renier des centres d’intérêts car j’étais bombardé de sollicitations, etc.
Je partage avec vous cet intérêt pour une société plus juste, plus solidaire et égalitaire. J’utilise les moyens qui sont à ma disposition, en étant parfaitement conscient du flicage inhérent à la plupart d’entre eux, et de l’atteinte portée aux droits de propriété intellectuelle.
En persévérant, j’ai rencontré un noyau de gens intéressants avec qui j’échange régulièrement. C’est une source d’information, d’avis, d’enrichissement personnel et intellectuel. Mais j’ai mis du temps à le construire.
Certes, Facebook est loin d’être idéal, et fait partie des quelques sociétés que je déteste en raison de leurs politiques commerciales, sociales, fiscales, etc. La liste de ces sociétés est d’ailleurs longue et regroupe les géants de l’informatique, de l’agrochimie ou de l’industrie pharmaceutique, mais je m’égare.
En ayant découvert, tardivement, Diaspora, j’ai le sentiment que les deux réseaux sont d’une nature différente, non de par leur conception, mais par l’esprit de leurs participants. Diaspora étant très peu connu en France, ceux qui y participent on l’esprit militant (au sens large). Ils préfèrent les chemins de traverse et la liberté aux autoroutes de la consommation.
Dans un tel réseau, on se sent bien car on est entre soi. Sur Facebook, en revanche, il est possible de proposer une vision différente de la société, en utilisant intelligemment ce réseau.
Pour en revenir à votre article sur les groupes Facebook en lien avec l’écriture et l’auto-édition, certains me semblent peu intéressants, mais « Les Auteurs auto-édités » me semble mériter votre attention.
Je vous invite à me contacter sur Facebook et/ou sur Diaspora pour que nous puissions continuer à échanger nos avis.
https://framasphere.org/people/b344e1002b660132b0df2a0000053625
Pour conclure, je suis très intéressé par le concept de prix libre que vous évoquez. J’ai lu votre article avec attention. Ce concept présente une difficulté de mise en place. Le réseau de distribution, et les normes comptables rendent cette idée difficile à appliquer. Ce qui n’empêche pas que le concept soit plus ancien que ce que vous évoquez (si je ne me trompe pas). En effet, il y a plusieurs années, Gustave Parking l’avait institué lors de ses spectacles, sous la forme « Entrée gratuite, sortie payante ». Voir ci-dessous si cela vous intéresse. http://fr.wikipedia.org/wiki/Gustave_Parking
Bonjour Claude,
Tout d’abord, grand merci pour votre message.
Je n’ai pas totalement abandonné l’idée, j’ai trouvé des groupes, certes plus petits, où l’échange est possible. On m’a suggéré également de me tourner vers des groupes moins génériques, par exemple, pour des fans de SF, etc… Mais je n’ai pas encore pris le temps de regarder tout cela, ayant des grosses patates chaudes sur le feu.
J’ai vite été jeter un coup d’oeil sur le groupe que vous parlez, il a l’air plus structuré que les autres, je pense que je vais me laisser tenter, merci pour le tuyau! 🙂
Oui, le prix libre est assez ancien, je dirai qu’il a été ressucité par Lionel pour le mettre au format numérique. D’ailleurs, pour moi, les premiers promoteurs du Prix Libre sont les artistes de rue (j’en ai fait un billet, je ne sais pas si vous l’avez lu). Cela comporte des problèmes, peut-être, pour la logistique d’un livre papier, mais selon moi, ce n’est pas le cas pour un e-book. Par contre, les plate-formes de vente de livres numériques ne sont pas adaptées à ce procédé, et je ne suis pas sûr qu’elle prenne le pli de le faire (en ce moment sur les Amazon, Kobo et autre, c’est prix fixe ou gratuit).
Tout à fait d’accord avec cette vision des réseaux sociaux. Si chacun pensait un peu moins à sa pomme et à ses deniers, et un peu plus à être soi et à partager… Ben, le monde serait sûrement un coin plus chouette pour y vivre. (Bon, d’accord, ça fait bateau comme phrase, mais la journée à été longue, aussi…).