De l’artiste de rue et celui de l’internet

Dimanche dernier, j’avais une réunion à Bruxelles. Ayant un peu de temps devant moi, je me suis un peu baladé en ville avant de me rendre à cette entrevue. Quelques minutes après avoir quitté la gare centrale, le centre-ville s’offrait à moi, plein de vie et d’animations, avec sa masse de touriste parcourant le centre historique, découvrant cette vieille ville en cette période estivale.

13470015975_20eb417838_z

Mes sens étaient submergés par tous les sons, par la guitare du saltimbanque et mes yeux contemplaient ce mime déguisé en statue. Et quelque chose m’a frappé : ces gens, ces artistes ont du talent font des choses splendides, mais sont souvent dénigrés, traités de mendiants et de clochard. Pourtant, cet artiste, il nous offre littéralement son art. Qu’il pleuve, qu’il vente, qu’il fasse soleil bouillant, il est là, usant ses cordes vocales, abîmant ses doigts engourdis sur sa guitare, nous faisant savourer notes et poésie. C’est en les regardant, en observant les passants mettre quelque monnaie à leur pied, que m’est venu cette réflexion : tous ces artistes sont des promoteurs (inconscients) du Prix Libre.

Ces artistes de rues ne sont pas là à quémander, attendant que quelqu’un leur donne quoique ce soit . Ils offrent leurs arts, quitte à ce qu’ils aient difficiles à remplir correctement leur assiette au soir. Et pourtant, ils sont là, à jouer, à nous divertir, avec un prix libre ! Ils n’attendent pas que quelqu’un leur donne une piécette pour se mettre à jouer, mais chaque personne qui regarde leur art, écoute leur musique a le choix de les rétribuer selon son choix, de la manière qu’il veut !

C’est la même chose avec les artistes « libres » sur le net. Ils mettent leurs créations accessibles à tous, en poussant même le bouchon à donner des droits supplémentaires, qu’un copyright classique ne permet pas : parce que vous pouvez vous approprier l’œuvre, la copier, la modifier. Certains poussent même à directement mettre leur création dans le domaine public (pour ma part, je n’ai pas encore eu le courage de telle chose, mais peut être qu’un jour, on ne sait jamais !) ! Et est-ce que nous sommes là, aussi à quémander ? Non. Tout simplement, nous appelons à des rétributions libres, selon votre choix.

Mais c’est vrai que dans un sens c’est dur. Parce que l’on en vit pas. Les habitudes sur internet ont été prises par beaucoup de monde, dans le sens je prend, et je me moque d’une éventuelle contrepartie. Lorsque je regarde les blogueurs que je suis, les écrivains libristes, aucun n’a de quoi vivre de son art. Je pense que cette mentalité doit encore évoluer, pour aller réellement dans un échange entre l’auteur et son lectorat/audimat (choisissez l’option qui vous convient le mieux). Nous sommes des artistes de rue numériques, alors lorsque vous voyez des auteurs, des vidéastes, des concepteurs qui mettent toutes leurs créations à disposition, n’hésitez pas à faire un petit geste. Parce que, comme les artistes de rue, nous donnons notre art sans compter. Et notre rêve est comme tout artiste, de pouvoir en vivre. Mais comme le partage est important à nos yeux, nous laissons nos créations faire leur chemin librement. Pensez-y la prochaine fois que vous téléchargerez un bouquin, que vous regarderez la dernière vidéo de votre youtuber préféré ou écouterez le dernier morceau mis en accès libre. Parce que tout petit geste peut faire la différence.

Ce blog est à prix libre, car pour pouvoir continuer à écrire, j’ai besoin de votre soutien. Découvrez comment me soutenir selon votre choix!

Image de Gustave Deghilage sous licence CC BY-NC-ND

Un Commentaire

  1. C’est intéressant ce que tu dis ^^
    Mais bon, autant dans les rues c’est vrais que c’est plutôt agréable (cela m’arrive même de donner une pièce a l’un d’eux parfois) parce que ce n’est pas « imposé » (tu passes dans la rue et si tu aimes, tu t’arrêtes) mais dans le metro… la plupart du temps c’est vraiment dérangeant 😉

    Petite anecdote sinon, entre la grand place et gare centrale justement, il y a souvent une statue vivante, un jour des policiers lui ont demandé de partir (ce genre d’activité étant illégal) et en retour le public (les passants quoi) lui on donné encore plus de pièce pour le soutenir ^^

Les commentaires sont clos.