Où on va encore hurler que je dis du mal, mais c’est si bon d’être mauvais quelques fois!
Je ne suis pas particulièrement friand des foires en tout genre. Je trouve déjà totalement absurde de devoir payer un droit d’entrée pour simplement consommer (bon, en réalité, je trouve que cela relève même d’une belle arnaque où l’on prend le chaland pour une belle vache à lait). Mais cette année, à l’aide de grandes trompettes et fanfares, les organisateurs ont annoncé que la grande foire du livre de Bruxelles était gratuite ! La tentation était donc bien grande, j’y allais chaque année avec ma petite maman et mon grand-père durant mon enfance. Mais autre nouvelle qui a titillé le petit Greg, était l’annonce d’une nouveauté sans précédent : l’arrivée d’un petit quartier dédié au numérique ! Il n’en fallait donc pas plus à la foire aux bouquins pour m’attirer dans ses filets.
J’ai même été atteint d’un masochisme exacerbé, ayant été m’y promener plusieurs jours. Le vendredi, je m’y suis donc baladé en mode touriste, pour déjà me prendre une bonne claque dans la tronche, sur le prétendu quartier numérique, appelé quartier web. En réalité, on aurait pu le renommer « quartier web subventionné par la Fédération Wallonie Bruxelles ». On y trouvait, comme maigres stands, celui du fameux blog « Lettres numériques », censé décortiquer l’actualité des lettres numériques, mais qui en oublie les trois quarts de l’actualité pour se focaliser assez bien sur ce qu’on pourrait croire à des articles de blogs sponsorisés ou des placements de produits ; mais aussi un petit stand pour Librel, la plateforme wallonne de ventes d’ebooks pour concurrencer le vilain Amazon (et qui manque cruellement de vision, en ne faisant que recopier certains concepts et en étant une plateforme connectée à des silos (l’autoédition, en Fédération Wallonie-Bruxelles, on ne connaît pas).
J’ai failli m’étrangler plusieurs fois également en entendant tous ces experts du numérique dans leurs présentations parler de digital au lieu du mot français réel (pour des acteurs culturels, censés connaître le français, ça reste pour moi un comble). Mais pour le reste, sur ce fameux quartier web, rien. Pas d’éditeurs « pureplayer », pas d’Amazon, de Kobo ou quoi que ce soit qui touche réellement au numérique. Car oui, amis lecteurs français qui lisez ces lignes, en Belgique, l’état du numérique est encore plus navrant que dans votre pays : même les nouvelles maisons d’édition ne semblent pas connaître ce concept ou semblent pisser dans leurs frocs à l’évocation du terme, pensant automatiquement « piratage ».
Le dimanche fut cependant une bonne journée. J’ai eu la chance de pouvoir mettre un visage sur le célèbre Odieux Connard qui venait dédicacer son livre et que madame désirait absolument. Mon objectif personnel était de venir soutenir Nithou, un collègue nanoteur en achetant son livre, que j’ai ramené tel un précieux à la maison. Mais le fait le plus étrange, en me promenant, fut de tomber sur un visage quelque peu familier assis derrière un stand. Quelques secondes gênées, en se demandant si c’était bien cette personne, pour au final bien se rendre compte qu’il s’agissait d’un ami avec qui je discutais sur le Net depuis un petit temps et qui suivait mes petits écrits. Cela faisait plusieurs mois que nous nous étions dit que nous allions nous rencontrer sans que cela se soit réalisé. J’ai donc pu rencontrer Daniel Barrack, et de repartir avec son livre avec une dédicace qui m’a rudement touché.
Par contre ce matin, ce fut la bérézina. Je vous épargne toutes les difficultés pour arriver au salon grâce aux merveilles technologiques de notre charmante compagnie de chemin de fer. L’objectif du jour était d’assister à une table ronde sur les aides à la création numérique (subventions, subsides, et tout le schmilblick). Le premier questionnement qui me vint à l’esprit fut la pertinence de certains intervenants, qui pour eux numérique était principalement synonyme d’audiovisuel ou cross/transmedia.
Pour le reste, ma réaction fut semblable à certains questionnements de mes vieux billets. Il n’est bien sûr jamais question d’aide à l’auteur, et que les puissants lobbies du livre ont encore de beaux jours devant eux. Toutes les aides à la création littéraire numérique sont uniquement destinées aux éditeurs et autres personnes morales. La palme de l’abject revenant aux aides européennes qui n’accordent leur aide qu’aux éditeurs ayant déjà un certain succès. Bref, encore une fois, l’auteur, qui est à la base de tout, est le grand oublié/mal-aimé.
Pour conclure, je dois dire qu’un détail m’avait échappé lors de mes visites précédentes, certainement dues à mon jeune âge à l’époque. La Belgique est épargnée encore pour l’instant par une politique dite du prix unique (mais on risque d’y venir dans quelque temps). C’est là que l’on se rend compte que les grandes maisons d’édition et distributeurs se font bien leur beurre durant le salon. Sautant plusieurs intermédiaires de la chaîne du livre, on pourrait s’attendre à payer les ouvrages moins chers. Non, le prix payé est généralement le prix conseillé (donc prix unique+tabelle pour des Dilibel/Interforum) et l’on trouve donc assez bien de livres plus chers que dans le commerce. En y repensant, pour toutes ces grosses machines de l’industrie, la foire du livre c’est la fête au pigeon.
Petite note : oui, je sais j’ai encore été mauvais dans ce billet. Mais c’est parfois si bon de dire du mal. Cependant, je tiens à nuancer ma conclusion. Pour des petites maisons d’édition, de passionnés ou d’association, cela ne me dérange pas de payer ce prix unique. Car elles ont bien souvent du mal à survivre et pour moi, elles ont encore une âme de passionné plus que de commerçant. Mais je pense que la prochaine fois, je m’adresserai directement aux copains auteurs pour avoir leur livre dédicacé plutôt que de poireauter dans cette foire aux boudins (heu, pardon, aux bouquins !)
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Image d’ Actualitté sous licence CC BY-SA