Artistes, droit d’auteur: et si la solution était le revenu de base?

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Dans mon dernier billet de blog, je m’étais épanché sur le rapport Reda, en expliquant pourquoi je soutenais une telle initiative. Bien sûr, j’ai eu pas mal de réflexions avec d’autres artistes qui n’étaient pas forcément d’accord avec ma vision du sujet. Comme quoi, le fait de retrouver ses œuvres en partage sur la toile était assimilé à du travail gratuit, et d’autres remarques du même genre. Comme ça cogite toujours dans ma petite caboche, je repensais à toutes ces réflexions. J’en suis venu, comme bien souvent lorsque je pense aux problèmes socio-économiques, à me demander si la solution à tout ce fatras n’était pas tout simplement le revenu de base.

La très grande majorité des artistes, créateurs en tout genre n’arrivent pas à vivre de leur art. Par ce fait, ils doivent chercher d’autres rentrées d’argent, que ce soit par un job ou autre chose, refrénant de ce fait leur activité artistique. Je pense que bon nombre d’artistes, s’ils avaient suffisamment de quoi vivre avec leur art, ne crieraient plus de cette manière au vol de leurs œuvres. Instaurer un revenu de base suffisant pour tous favoriserait grandement la création, et le précieux sésame de pouvoir vivre de son activité artistique ne serait plus réservé aux rares blockbusters.

J’ai d’ailleurs été étonné dernièrement, car une proposition des verts anglais va dans ce sens : réduire la durée du droit d’auteur à quatorze ans mais en couplant cette mesure avec un revenu citoyen. On promeut donc plus l’activité artistique au niveau local, en favorisant l’humain plutôt que des grosses compagnies d’édition qui sont désuètes et n’arrivent pas à s’adapter au numérique. L’idée semble donc faire son chemin, même si elle n’est pas encore à l’échelle européenne. Cependant, comme on le voit dans le sondage du billet que j’ai cité plus tôt, on voit que les préjugés sur le droit d’auteur et sa durée de vie ont la vie dure :

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Pourtant, n’est-il pas aberrant de continuer à percevoir des droits après la mort d’un auteur ? On ouvre de ce fait la porte à pléthore d’abus. Un des exemples les plus flagrants, la fondation Moulinsart qui court après tout ce qui touche à Tintin, jusqu’à proposer un album en 2052 pour prolonger les droits d’auteur. Bien sûr, toutes ces prolongations au droit d’auteur ne sont profitables qu’aux grands, aux blockbusters, et bien des artistes crèvent la faim pendant qu’ils créent. Alors pourquoi ne pas instaurer ce fameux revenu de base qui serait utile à tous ?

Petit PS : je me pose une question, n’étant pas juriste : La perception des droits d’auteur se fait généralement par des sociétés spécialisées (SACEM, SABAM, etc.). Pourtant, avec la révolution numérique, il est possible de se passer d’éditeurs et de ces sociétés. Comment donc percevoir pour les ayants-droits les royalties des auto-édités après la mort de ces derniers? Je pense encore une fois que le législateur est une guerre en retard à ce propos, mais là ce n’est qu’une supposition, n’ayant pas fait de recherches à ce sujet. Selon moi, c’est encore un point en faveur d’un revenu de base pour les artistes.

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Image de Pictures of Money sous licence CC BY

4 Commentaires

  1. Pourquoi pas, mais qui paierai ce revenu. Et ensuite, d’autres abus possibles, j’ai un revenu et je ne vends plus rien (tu vois ce que je veux dire ?)

    • Hello,

      Je vois que tu ne connais absolument pas le revenu de bas inconditionnel. Je t’invite à te renseigner sur le sujet, (que ce soit via mon blog, vu que ce n’est pas mon premier billet sur le sujet ou ailleurs). Pour le financement, il y a plusieurs pistes (mais je ne suis pas économiste, mais les sites sur le revenu de base pourront mieux t’expliquer cela que moi).

      Pourquoi un abus? Un revenu de base est pour tout le monde sans exception il est universel et inconditionnel. Il n’y a donc pas d’abus 😉

  2. Bonjour et merci pour cet excellente réflexion qui ouvre un vaste débat, dont je ne suis pas sûr de mesurer l’ampleur.

    Ahhhh, si on refaisait le monde ! Tant et tant de choses pourraient être changées, voire améliorées. A commencer par la place que prend l’argent dans nos vies, et c’est de cela dont parle ton article. 🙂
    Le revenu de base, ne doit en tout cas, d’après mon humble opinion, pas se substituer aux droits d’auteur (terme générique valant autant pour un écrivain que pour un peintre, un photographe, etc.)
    Je suis très attaché au droit d’auteur (propriété intellectuelle serait un terme plus juste), pas forcément à sa contrepartie financière. En fait, si, car j’en aurais actuellement besoin. Mais ce que je veux dire, c’est qu’il faut dissocier la propriété d’une oeuvre, des revenus qu’elle peut générer. L’une devrait être imprescriptible, quant à l’autre on peut en débattre. Il est déjà tout à fait possible, et tu le prouves régulièrement, d’abdiquer de la part financière du droit d’auteur / propriété intellectuelle en choisissant une licence de type Creative Commons ou Open Source.
    Pour ma part, je trouve légitime de toucher, si on le désire, un pourcentage sur les éditions/reproductions/dérivés de sa création. La durée et le montant peuvent être discutés, dans l’absolu. Car dans la réalité, les créateurs refuseront que l’on touche à leurs revenus. Je trouve comme toi, que cette propriété intellectuelle ne devrait pas perdurer au delà de la mort du créateur.
    Un aspect important de ton article est la liberté qui serait donnée aux créateurs si un revenu de base était instauré. Nous assisterions probablement à une nouvelle renaissance de l’humanité. Car un pays seul pourrait difficilement instituer une telle disposition, sous peine de devoir fermer ses frontières hermétiquement. Mais ce n’est pas l’aspect important. Assurer un revenu minimum de base à toutes et tous, permettant de se loger, se nourrir, se vêtir, etc. insufflerait indubitablement un nouvel élan créatif. Et quand je parle de création, je ne pense pas uniquement à l’art, mais à toutes les formes de créations, y compris techniques ou scientifiques. Sans omettre la création de lien social à travers le bénévolat associatif.

    Pour résumer ma position, qui ne doit pas être claire à la lecture des réflexions ci-dessus, je suis pour le revenu de base, pour une propriété intellectuelle de la création qui soit inaliénable et imprescriptible, et des droits dérivés (dit d’auteur) qui s’achèvent avec la mort du créateur.

    Encore une fois, merci pour cet article qui ouvre une réflexion intéressante, et pardon d’avoir été si long.
    Amicalement
    Claude

    • Hello,

      Instaurer un revenu de base ne devrait pas empêcher un créateur de gagner un revenu avec son art. Ce serait en complément bien sûr. Donc oui, pourcentage ou autre, comme tu le décris si bien. C’est juste que le revenu de base, étant garanti, le créateur pourrait se consacrer pleinement à son activité artistique, sans avoir à se préoccuper du reste. Sinon oui, le revenu de base devrait être universel, sinon cela provoquerait une immigration de masse. J’avais lu d’ailleurs quelqu’un préconiser de l’instaurer d’abord dans les pays pauvres, puis aux pays plus industrialisés.

      Merci pour ton commentaire en tout cas 😉

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