J’ai mal à mon monde

Ces derniers jours, les larmes envahissent mes petits yeux derrière mon PC. Je dois dire que j’ai du mal à exprimer toutes ces pensées qui me traversent. Je me suis retenu d’exprimer ma colère sur ces images, sur les mots de mes semblables qui me déchirent le cœur. J’ai contenu ma rage sur tout cette haine qui revient hanter bon nombre de personnes, comme si l’on avait rien appris de notre passé. Il se répète encore et encore, et nos aïeux qui ont connu ces guerres, ces massacres, doivent se retourner dans leurs tombes en voyant toute cette masse haineuse qui pullule en toute liberté sur le net. Pléthore de monde crache sa bile, bien installé confortablement dans son canapé, caché derrière son écran.

J’ai mal à mon monde. J’ai mal en voyant ces images d’enfants, couchés sur une plage qui ont perdu la vie. Je n’arrive plus à les voir. Pas parce que je ferme les yeux, non, parce que voir la vie d’un enfant détruite par la folie de l’homme me rend malade.

J’ai mal à mon monde parce que des concepts tels que « patrie », « frontière » sont plus sacrés que la vie. Parce que notre confort matériel est un droit inaliénable, qu’il est plus vital que l’existence d’un enfant, d’un homme d’une femme qui fuient les bombes et autres massacres. J’ai mal parce que ces frontières, pour moi, ne sont qu’une illusion. Une illusion destinée à nous diviser, nous montant les uns contre les autres alors que nous ne sommes qu’un.

J’ai mal à mon monde. Mal de cet égoïsme qui ronge le cœur de bon nombre d’entre nous. Mal de tous mes confrères qui gardent leurs œillères et ne pensent qu’à se divertir, à fermer leurs esprits à la réflexion. Mal de toute cette ignorance qui semble gagner le monde.

Je suis en colère contre mon monde. Contre ses médias qui nous gavent d’images sanglantes, dans le but de vendre et d’attirer l’attention. Contre leur manipulation d’opinion, en utilisant des termes tels que migrants au lieu d’être humain. En colère contre toutes ces actions destinées à améliorer le quotidien qu’on passe sous silence parce que non vendeur et non attirant.En colère contre ces gens se réjouissant du malheur de cet enfant, des autres fuyards refoulés aux frontières ou marqués à l’encre comme de vulgaires animaux.

Je suis en colère contre mon monde. Contre ses gouvernants qui ne cherchent que leur intérêt au lieu de celui du plus grand nombre. En colère contre cette résignation, ce défaitisme qui conforte le statu-quo. En colère contre toutes ces personnes qui rêvent d’un monde meilleur et qui ne bougent pas le moindre petit doigt, attendant que d’autres le fassent à leur place.

Mais j’ai de l’espoir envers mon monde. Parce qu’au-dessus de ce marasme fétide, se dressent des hommes et femmes. Qui se bougent pour aider leur prochain. Qui se bouge pour conscientiser, pour donner de leur temps. Pour que ces malheureux puissent avoir un toit ou de quoi se nourrir. Ce sont d’eux que viendra l’exemple, ce sont eux qui sont la lumière qui éclaire le monde et le guidera.

RIP Aylan Kurdi. Mon fils a presque ton âge. En voyant ta photo, je me dis que ton malheur pourrait lui arriver. Parce que tant que les hommes n’ouvriront pas les yeux, aucun enfant n’est à l’abri. C’est pour cette raison qu’il faut s’ouvrir aux autres, qu’il faut se battre contre toute cette haine. Parce que rien n’est plus magique que le sourire d’un enfant. Il est l’espoir porteur de ce monde. Alors faisons en sorte qu’aucun sourire ne s’efface des visages de nos petits monstres. Pour toi. Pour les nôtres.

.

Ce billet et ce blog vivent grâce à vous. Merci de me soutenir, que ce soit avec un Prix Libre, en me soutenant sur Tipeee, et en partageant ce billet autour de vous. Vous pouvez également me suivre sur les réseaux sociaux Twitter, Facebook et Diaspora.

Image de Linda Tanner sous licence CC BY-NC-ND