L’effroi du cahier de la mort (ou le cri d’alarme d’un papa sur l’accès aux médias par les enfants).

Un soir de début octobre, je m’installe à côté de mon gamin pour vérifier ses devoirs après le travail.  Je constate avec effroi la présence d’un objet qui n’a rien à faire avec son matériel scolaire : un Death Note artisanal. Mon fils a onze ans, et bien que ce manga trône dans ma bibliothèque, il sait que ce sont des livres pas encore à sa portée et n’est pas autorisé à les lire.
 
Alors pour ceux qui ne connaissent point : Death Note est un manga écrit par Tsugumi Ōba et dessiné par Takeshi Obata. Il relate l’histoire d’un pervers narcissique complètement mégalo qui hérite d’un « carnet de la mort ». Lorsqu’on écrit le nom de quelqu’un dans celui-ci, cette personne meurt, et le héros s’en donne à cœur joie pour façonner le monde à son image. (Résumé court, car ce manga est très psychologique et prenant, et honnêtement je l’ai adoré).

Bien sûr, des noms de camarades de classe sont inscrits dans ce carnet artisanal. Après quelques investigations du papounet inquiet, je me rends compte que c’est un de ses amis de classe qui lit le manga et a créé son propre Death Note. Alors, si ce n’était qu’un incident isolé, je n’aurais pas été plus loin. Cependant, depuis un bon moment, je me rends compte qu’il y a bel et bien un problème : nous, parents, ignorons bien souvent ce que nos têtes blondes consomment comme médias.
 
Youtube et les jeux en récré

Depuis quelques années déjà, je m’inquiète des jeux en cour de récré : vous avez certainement entendu parler du 1,2,3 soleil version Squid Games à l’époque (oui, il y a joué), mais aussi d’activités ludiques inspirées de jeux vidéo d’horreur adultes (Five night at Freddy’s, Poppy Playtime….)

Là aussi, mon fils m’a répondu que c’est soit par le biais de ses camarades, soit sur certaines vidéos qu’il a vues lui-même. Pourtant, à la maison, j’ai toujours contrôlé l’accès aux médias dont mon enfant avait accès, et d’ailleurs depuis plusieurs années, j’ai carrément banni l’accès à Youtube à mon gamin à la maison (mais qui garde cependant un accès à un pc de manière très limitée).

Bien sûr, il y accède par exemple chez sa maman, et bien que je sache qu’elle jette un œil attentif sur ce que notre enfant consomme, il y a des vidéos qui échappent à notre vigilance. Une erreur aussi est de penser que Youtube version Kids est totalement inoffensif pour nos enfants. C’est en fait plutôt le contraire : entre des Let’s Play (session de jeu enregistrée) de jeux horrifiques, on y croise du contenu plutôt suggestif qui pourrait très bien se retrouver sur des plateformes 18+.

Et un enfant a plutôt tendance à reproduire ce qu’il voit. Le résultat en est donc l’adaptation en jeu de cour de récré de leur visionnage, et ça me fait un peu peur. J’ai entendu des parents parler que leurs enfants faisaient des cauchemars la nuit à cause de ces jeux, et donc oui, ce n’est pas si anodin que cela. Surtout quand les enfants voient sous couvert de « dessins animés ou autres vidéos rigolotes » des comportements inappropriés pour leur âge ou en société (je vous invite à regarder la vidéo d’Amystory que j’ai mise en fin d’article).

ROBLOX
 
Mais le problème ne se limite pas à Youtube. Il y a le phénomène ROBLOX, dont mon gamin est également atteint. Roblox est une plateforme de jeux adaptée aux tout jeunes. Les utilisateurs peuvent non seulement jouer à pléthore de jeux mais aussi y créer les leurs et les partager à leurs contacts. J’ai donc testé Roblox, en stream, pour me tenir au courant. Et j’ai été stupéfait. Ici, je ne vais parler que contenu, mais le système regorge d’autres dangers pour les enfants (voir lien en fin d’article).

Bien que la plateforme soit conçue initialement pour les moins de 15 ans, les jeux ne sont pas forcément tout public. Je me suis retrouvé à faire des copies conformes de jeux tels que Phasmophobia, qui est un jeu d’horreur pour adulte. D’autres qui ne sont pas forcément jolis-jolis et tout aussi horrifiques, mais dont je ne me rappelle plus le nom. Et ils sont bien accessibles aux tout petits, même si le contrôle parental est activé.

 Autre fait accablant est que durant cette session de streaming (je l’ai réalisée il y a un peu plus d’un an déjà), des mineurs sont venus le suivre. Pourtant, ma chaîne est annoncée pour les 18+ avec de gros trigger-warnings avant que le lecteur vidéo ne se charge. Là aussi, ça me préoccupe, parce que si des gosses arrivent avec une telle facilité à rejoindre des streams catégorisés pour les adultes, je pense qu’il y a un énorme problème.

Se préoccuper de ce que nos enfants consomment.
 
Si j’écris ce billet, c’est pour tirer un cri d’alarme. Je le sais, la vie de parents à l’heure actuelle n’est pas évidente. Nous gérons un deuxième boulot après le travail (devoirs, repas, ménage etc…), et mettre un téléphone ou un écran à nos enfants peut nous faciliter la vie. Cependant, je pense qu’il y a beaucoup de méconnaissances des outils numériques, et beaucoup de parents sont vite dépassés par ces technologies qui avancent avec une rapidité extrême.

Je ne suis pas là pour vous tendre un bâton en vous criant un “pas bien” à la sauce Bourdon-Campan dans l’oreille. Je vous invite juste à vous préoccuper et de vous intéresser à ce que votre enfant consomme sur les réseaux. Mais aussi de tenter de vous approprier ces technologies, de les comprendre. Parce qu’il y a tant d’autres dangers, mais qui dépassent largement le point que j’ai abordé (Entre autres : prédation, droit de l’image, sécurité sur les réseaux…)

Intéressez-vous à ce qu’ils regardent. A ce qu’ils lisent. D’être près d’eux, quand ils sont sur un écran, et de pouvoir dialoguer avec eux en cas de souci. De plus, je pense sincèrement que cela ne pourra être que bénéfique, de pouvoir avoir de nouveaux points de discussion avec eux, et même de créer de nouveaux centres d’intérêts communs. Parce que la vie va vite, et bientôt ils ne voudront plus partager de moments avec leurs “darons ringards”…

Petits bonus:

La surexposition aux écrans :
Je vous invite à regarder cette vidéo, qui reprend toute la problématique de la surexposition aux écrans (vraiment, c’est un must-watch): l’épidémie des Ipad Kids

Le droit à l’image de votre enfant :
J’ai également participé à un podcast parlant de la protection de l’image de l’enfant sur internet ( à écouter sur Youtube ou Spotify).

 

Autres éléments de lecture:

https://blog.economie-numerique.net/2022/06/20/youtube-kids-bonne-ou-mauvaise-idee/

https://www.presse-citron.net/roblox-enfants-danger

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