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C’était un garçon comme les autres. Enfin, pas vraiment, il ne voyait pas la vie de la même manière. Il n’était pas riche, n’avait pas d ’emploi comme la société l’imagine et l’impose. Son travail, sa mission, c’était changer le monde, le rendre meilleur, le rendre plus beau. Il combattait l’injustice, il savourait les mots tels que solidarité, échange, partage, dans une société où l’égocentrisme, la compétition et le matérialisme étaient devenus dogmes. Il n’était pas riche, il vivait le plus simplement possible, dans une petite chambre perdue dans une grande ville, et avait juste de quoi survivre. Il n’était pas intéressé par tout ce matérialisme bling-bling qui semble définir la réussite sociale d’un individu, où l’on se doit de posséder tel téléphone ou marque de fringues pour affirmer son existence.
C’était un optimiste né : il était persuadé qu’en semant des petites graines, il pourrait faire changer les mentalités, que chaque petit geste comptait, et qu’ils rendraient le monde plus beau. Qu’en accomplissant ceux-ci, il serait source d’inspiration pour d’autres, qui à leur tour, rendraient la pareille. Que ces petites gouttes d’eau créeraient une grande rivière, pleine de vie. Pourtant, la vie n’était pas tendre avec lui, comme pour beaucoup d’êtres humains, mais là où ces derniers baissaient les bras et maudissaient la terre entière, lui gardait espoir. Pourtant, chaque écorchure entamait quelque peu son moral, mais son espoir était plus fort que tout. Il gardait son optimisme, son amour pour les autres, car il restait persuadé qu’un jour on lui rendrait la pareille, quand il en aurait le plus besoin.
Il était de tous les combats : pour combattre cette injustice sociale, il militait, participait à des manifestations, protestait. Il était là pour montrer au monde ce qui n’allait pas, pour faire bouger les choses et sensibiliser le monde. Cela lui valait parfois quelques problèmes, contrôles et fouilles par les autorités, mais jamais il ne se laissait intimider, persuadé que même ces personnes qui le menaçaient auraient aussi ces graines qui germeraient dans leur tête.
Et malgré tous ses beaux gestes, il était constamment dénigré. Il fut traité de fainéant, de parasite par tout un tas de personnes, parfois même ses proches, qui ne prenaient même pas le temps de le connaître réellement ni de découvrir ce qu’il entreprenait réellement. On le regardait de haut, avec mépris parce que c’était ce chômeur ou cet assisté de l’aide sociale, parce qu’il ne croyait plus en ce système de compétition, de travail où seul compte la jouissance instantanée. Certes, tous ces regards et ce mépris le blessaient, mais il continuait. Il voulait croire qu’il était possible de changer les choses, d’améliorer le quotidien de son entourage.
Mais un beau jour tout son espoir s’envola. Les tuiles et les galères s’amoncelaient. Il n’arrivait plus à espérer. Il tentait des messages d’appels à l’aide, mais tellement teintés de désespoir que les gens s’en détournaient totalement. Il se mit aussi à maudire le monde, et au fur et à mesure qu’il criait haine, rage et désespoir, sa situation empirait, sa vie devenant un réel calvaire, avec des problèmes de plus en plus fréquents et de plus en plus insurmontable.
Il était en pleine noyade, submergé par tous ces sentiments néfastes. Au plus il hurlait, au plus cette masse étouffait ces cris. Il n’était entendu par personne, et ces mots étaient si violents que les rares qui les entendaient s’enfuyaient en courant. Il se mit à se détester lui-même, s’en voulait d’avoir été si utopiste, si idéaliste. Sa vie n’avait plus de sens, tout ce qu’il avait construit s’effondrait comme un château de carte si fragile, balayé d’un simple petit souffle.
Sa dégringolade était telle qu’il ne voyait plus d’issue ni échappatoire, à un tel point que les idées noires l’envahirent, et commençaient à prendre de plus en plus de place. Il ne répondait plus au téléphone, ne sortait plus de chez lui. Il attendait que les jours passent, et chaque soir, au moment de se coucher, il se disait mentalement « encore une en moins à attendre ». Au bout de quelques jours, il n’en put plus, et il se prépara à commettre l’irréparable. Il s’était trompé, il avait perdu son but, et ce qu’il avait accompli n’avait servi à rien. Il n’avait pas sa place dans ce monde qui continuait toujours, selon lui à mal tourner. Et un beau soir, il décida de passer à l’acte.
Il allait mettre fin à ses jours et s’apprêta à planter une lame dans ses veines. C’est à ce moment-là qu’on toqua à la porte. Il ne voulait pas répondre, voulait la paix, voulait en finir. Il continua son geste. Mais la porte fut enfoncée, et c’est là qu’il se rendit compte de ce qu’il avait accompli. Tous ces gens étaient là, ceux qu’il avait aidé, soutenu par le passé. C’était cette immense main tendue qui le sortait de sa noyade, de sa chute sans fond. Sans nouvelle de sa part depuis des semaines, ils s’étaient rassemblés afin de voir ce qui n’allait pas, de ce qu’ils pouvaient faire pour l’aider. Oui, il réalisa que les actions qu’on accomplit nous revienne toujours, d’une manière ou d’une autre, même si on ne le voit pas au premier regard ou lorsqu’on espère. Que si on se laisse aller au désespoir, à la colère, celle-ci nous entraîne toujours plus bas. Il reprit espoir. Il surmonta, grâce à l’aide de tous ces gens toutes ses galères, petit à petit, un pas après l’autre. Mais la confiance était revenue, ceux-ci n’étaient plus ces montagnes infranchissables. Et de nouveau, il se mit à changer le monde autour de lui.
Cette histoire est peut-être bateau pour vous, de la philo à deux francs-quatre sous. Mais néanmoins, je trouve, même si je la trouve mal écrite, et que je n’en suis pas fièrement satisfait, qu’elle a beaucoup de sens. C’est vrai, il faut croire à ce que l’on fait, il faut espérer, donner. Cela nous revient toujours d’une manière ou d’une autre. Et c’est vrai qu’on passe parfois par des moments de découragements, où l’on se demande si ce qu’on fait a un sens. On peut se sentir désespéré de ne pas voir les choses avancer, de ne pas avoir quelque chose de réciproque. Mais dans ces moments, si on se laisse submerger par la négativité, c’est une spirale sans fin qui commence, où les problèmes s’amoncellent, deviennent insurmontables, alors qu’on les traverserait sans s’en rendre compte en restant positif.
Pour répondre à certaines questions qui je suis sûr viendront, oui c’est un peu inspiré de mon expérience, mais pas que. Oui, j’ai en ce moment des périodes de découragement, où je me demande si je continue dans cette voie ou pas, certains d’entre vous l’ont peut-être lu la semaine dernière dans ce billet « A tous ceux qui me portent ce regard… » que j’ai publié puis retiré. Mais c’est principalement en regardant tous ces gens autour de moi, ces héros méconnus qui changent le monde autour d’eux, que m’est venue mon inspiration. Que je les vois douter aussi, lutter quand l’optimisme n’est plus là. Et c’est à ces personnes-là que je dédie cette petite histoire.
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Image de Frédéric Bisson sous licence CC BY
Merci à toi d’être toi et de mettre des mots si juste sur ce que beaucoup pensent.
merci
Joli !
Continue de faire ce que tu crois bien et la vie finira par te sourire en retour. Je crois également que lorsqu’on sème de bonnes graines, on finit par récolter de bons fruits.