Cet idéal qu’est le Prix Libre

Le Prix Libre. J’en ai déjà touché quelques mots, dans la fureur d’écrire et dans d’autres billets. Mais qu’est-ce donc, ce fameux prix libre ?

prixlibre

Le système économique actuel pour tout ce qui est art en général, est dans un certain sens, dictatorial. En tant que « consommateur » (et oui je garde ce terme-là, parce que selon les industries, même artistiques, vous n’en êtes réduit qu’à ce pauvre terme), si vous voulez acquérir un bien culturel, que ce soit un film, un disque, un livre ou même une reproduction d’une photographie, vous n’avez aucun choix : vous sortez la carte bancaire et payez un montant imposé.

Le grand problème dans ce système est l’abondance des intermédiaires. En effet, pour un livre ou une bd, en moyenne seuls 8 % iront à l’auteur, le reste étant partagé par les intermédiaires. De plus, un auteur a moins son mot à dire, si l’éditeur estime qu’il y a par exemple violation de droit d’auteur, il pourra attaquer en justice le contrevenant, et ce même si celui-ci a le soutien du créateur de l’œuvre. Ce système est devenu une aberration pure et simple. Il est clair qu’il y a encore une vingtaine d’années, lorsqu’ internet n’était pas encore si courant, il était tout à fait impossible de se passer d’éditeurs et de maisons de production. Mais ce n’est plus le cas maintenant. Avec le net, de nouveaux systèmes ont émergé : que ce soit pour la littérature, la musique ou des films. Un créateur peut être en lien direct avec ses fans. Et il peut mettre en libre accès ce qu’il crée.

C’est là qu’intervient le Prix Libre. Parce qu’un créateur qui utilise ce système, donne du pouvoir aux personnes qui le suivent. Celles-ci peuvent décider de la valeur de ce qui est créé et du moyen de rétribution. Parce que le Prix Libre n’est pas uniquement pécuniaire. Cela peut être un échange, un troc, ou toute autre chose. J’aime énormément ce principe. Il met le créateur et son suiveur sur le même pied d’égalité, et l’échange entre les deux parties peut être plus riche selon moi.

J’ai découvert ce principe par Ploum, qui a lancé l’idée de rendre son blog payant en prix libre en début d’année. Et l’idée fait son chemin : le groupe de musique belge Klang a fait pareil, en rendant son album disponible en prix libre, c’est à l’auditeur de décider du prix qu’il va donner. Pourtant, le prix libre n’est pas forcément un concept récent, en effet, en faisant une petite recherche, je suis tombé sur une page Facebook datant de 2012 où tous les échanges se faisaient à prix libre. Et ce système, même s’il n’est pas encore fort détaillé, dispose également de sa page Wikipédia.

Ploum, afin de « promouvoir » quelque peu le concept, a créé une page Facebook « Prix Libre », que je vous invite à aller visiter. Et dernièrement, une idée m’est apparue. Il existe des petits labels sur le net, comme le « créatif grande gueule » ou « les ondes résistantes ». Je me suis dit qu’un label, pour promouvoir ce système alternatif, serait une bonne idée, et que si d’autres blogueurs ou artistes se lançaient là-dedans, il gagnerait en plus de visibilité, et toucherait plus de gens. J’ai donc soumis cette idée sur la page, et un pad (outil de travail collaboratif en ligne) a été créé à ce sujet. J’espère que la sauce prendra, et que quelqu’un pourra faire un joli logo tout beau pour ce label officieux, car le dessin et moi, ce n’est vraiment pas le grand amour. Bien sûr, si vous êtes tentés, vous-même d’appliquer ce principe, n’hésitez pas, car cela pourra être relayé !

Je vais donc moi aussi me lancer dans l’aventure. Certes, il n’y aura pas beaucoup d’options au début, pour la simple et bonne raison que je dois regarder ce que je peux faire ou pas dans ma situation. Mais les renseignements se prennent petit à petit, et selon les retours que j’en aurai, ces derniers n’impacteront que la rapidité de leur mise en place. C’est d’ailleurs pour cette raison, que la page me soutenir est en train d’être remaniée afin de mieux cadrer au projet. Parce que oui, le Prix Libre est peut-être une douce utopie, mais elle colle mieux à ma vision d’une société plus juste, plus solidaire et égalitaire.

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Image de Haceme un 14 sous licence CC BY-NC-ND

7 Commentaires

  1. Bonjour.. je vais laisser un commentaire, probablement pas très objectif, vu que je suis libraire, mais bon.. L’idée est belle, innovante et généreuse, sans aucun doute. Mettre en contact direct l’artiste et son public, pourquoi pas? Que ce système permette l’émergence d’artistes d’une qualité souvent supérieure à ceux que le système juge « bankable », je n’ai aucun doute à ce sujet. Qu’il évite à certaines grosse boîtes de se gaver au passage, en misant sur l’aspect purement commercial de ce qui n’est souvent que de la daube, c’est certain.. Mais qu’en est-il de la dématérialisation du produit culturel? je trouve cela d’une tristesse infinie, sans compter les pertes d’emploi que cela engendrera.. Qu’en est-il également de certains pans de l’industrie culturelle auxquels on pense moins, comme par exemple celui des graphistes chargés d’imaginer un packaging mettant en valeur ledit produit. Et bien sur, qu’en est-il des commerçants, qui tentent de survivre en transmettant leurs connaissances et leur passion. Vous savez, ceux capables de dire à leur client « vous avez aimé X, vous adorerez Y ».. Sans parler de leur rôle, souvent sous estimé, dans le tissu sociétal.. Je vois le marché qui évolue vers un système ou bientôt, le consommateur, n’aura plus d’autre choix que le net ou les grandes surfaces. Avec, en plus tous les risques de « flicage » que cela comporte (ne serait-ce que via les cookies d’une part et les cartes de fidélité d’autre part). Qu’il faille réinventer le commerce, c’est certain, et j’en suis le premier convaincu, et le libre prix est une piste très intéressante. Mais je pense qu’il faut être prudent, quant à la manière. Je ne sais pas, je m’interroge..

  2. Je pense que vos craintes peuvent être en partie balayées. En effet, il existe des systèmes (comme In Libro Veritas), permettant de se passer d’éditeurs. Parce que des personnes, je prends déjà rien que le cas de ma maman, n’aiment pas lire au format numérique. Ils doivent donc avoir le choix, qui selon moi, est une des optiques du Prix libre, de se procurer un livre au format papier. Pour ILV, il référence l’ouvrage à la demande, et celui-ci reçoit son ISBN. Un commerçant pourra donc avoir l’ouvrage en magasin ou le commander pour son client. Je vous invite à lire, si ce n’est déjà fait, mon billet sur la littérature 2.0 (il est en lien dans l’article).

  3. Le prix libre semble s’accorder parfaitement avec l’idée du salaire de base.

    La perte d’emplois (emplois qui sont peut-être en train d’évoluer, et de devenir obsolètes dans leur état actuel) ne serait plus un problème majeur, et laisserait plus de marge pour s’adapter.

    Selon moi, les commeçants qui transmettent leur passion seront tout sauf obsolètes dans cette évolution, sauf peut-être la partie « commerçant ». Je n’ai aucun doute sur le fait que des systèmes informatiques type « vous avez aimé X, vous adorerez Y » basés sur la communauté voient le jour pour la littérature, comme c’est déjà le cas pour la musique, mais ça n’empêcherait pas non plus, par exemple, l’évolution des librairies en lieux de rencontre et d’échange culturels.

    « Je vois le marché qui évolue vers un système ou bientôt, le consommateur, n’aura plus d’autre choix que le net ou les grandes surfaces. »

    La partie « Internet » de cette solution pourrait permettre au contraire de rapprocher les lecteurs des auteurs (avec des initiatives comme le prix libre), mais aussi des autres passionnés qui sont toujours de bon conseil. Même si certaines parties d’Inernet y ressemblent, Internet est très loin d’être une grande surface.

    Le « flicage », que ce soit sur certaines parties d’Internet ou dans les grandes surfaces est un réel problème, qui ne se résoudra définitivement que par un changement des mentalités, et la démocratisation de solutions décentralisées et des valeurs qui vont avec. Le site web sur lequel nous discutions a par exemple choisi de gérer ses statistiques « en interne » avec Piwik, plutôt que de donner ces mêmes données à Google ou d’autres géants centralisés et peu respectueux de la vie privée en échange d’un service « gratuit ».

    • Bonjour,

      Je ne peux qu’approuver votre message. (Et en plus quelqu’un qui s’intéresse au revenu de base sur mon blog, j’aime!)

      Pour le flicage, oui il existe des solutions, et j’ai fait en sorte que mon blog soit le plus respectueux possible de la vie privée de mes visiteurs. Alors oui, j’ai utilisé Piwik, et j’ai même poussé le bouchon en laissant la possibilité à mes visiteurs d’entièrement désactiver le flicage de piwik dans la page des règles de la maison. Tout comme pour les réseaux sociaux qui sont aussi les champions de l’espionnite aigue, il est possible de partager les articles sur ces derniers, avec un système de double-clic. C’est le visiteur en âme et conscience qui active le traqueur.

  4. Salut Le Greg,
    Si tu lance effectivement un label sur le sujet, non seulement je pourrais y adhérer, mais en plus je peux te proposer des logos. Tweet moi et on en parle. 🙂

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